Toutes les populations peuvent être victimes d’une catastrophe naturelle, mais elle frappe de façon inégale et révèle des discriminations systémiques en renforçant, perpétuant et augmentant les inégalités de genre, rendant ainsi les situations de crise encore plus difficiles à vivre pour les femmes (ONU, 2009). La tempête Alex dévaste la vallée de la Roya (06) et accélère la prise de conscience qu’un territoire métropolitain peut être difficilement habitable demain. A quels types de vulnérabilité (violence, économique, accès aux ressources, restriction de liberté) les femmes de la vallée de la Roya sont-elles exposées ?

Le logement est un levier contre les inégalités de genre et la réduction des risques. Pourtant, les femmes de la vallée de la Roya subissent des inégalités liés à l’habitat, notamment lorsque des couples se séparent où l’homme garde la propriété avançant le fait de l’avoir construit, ou que l’environnement nécessite d’avoir de la force physique. Ce facteur augmente la fragilité économique des femmes, les discriminations de genre liées à leur structure monoparentale et complique leur accès au logement.

En même temps, des femmes de la vallée de la Roya, seules ou se regroupant, bâtissent leur habitat ou souhaitent le faire. Pourquoi des femmes se mettent-elles à construire ? Est-ce en réponse à leur vulnérabilité patrimoniale et d’accès au logement ? En quoi, ces femmes bâtisseuses propose une architecture d’adaptation des territoires à hauts risques ?

Afin de garantir une transition écologique juste et proposer des leviers (économiques, sociaux et architecturaux) pour réduire les inégalités sociales, le projet s’intéresse aux femmes bâtisseuses du territoire post-tempête Alex de la vallée de la Roya et, en incluant la considération du genre, questionne en quoi elles proposent une architecture d’adaptation aux risques climatiques et des moyens d’accéder au logement.

Le projet apportera une étude fine de la vulnérabilité des femmes sur le territoire exposé et à hauts risques de la vallée et déterminera si l’émancipation ou non des femmes par la construction de leur habitat peut être une mesure à prendre en compte pour renforcer les capacités d’adaptation des populations vulnérables, et donc à inclure dans un plan d’adaptation au changement climatique.

Il est admis que les femmes seront de plus en plus vulnérables sur les territoires risques. Il est donc urgent de considérer le rôle des femmes dans l'adaptabilité écologique. En croisant de la recherche-action, un projet de construction et le développement d'un pôle de construction par et pour les femmes, les objectifs du projet visent à :

- Un plaidoyer pour réduire les inégalités de genre sur les territoires ruraux et à hauts risques : reconnaître l’importance de la prise en compte du genre dans l’adaptabilité climatique du bâti, le rôle des femmes dans le changement climatique, valoriser et prendre en compte les savoirs, savoir-faire et savoir-être des femmes dans l’architecture et la construction.

- Un plaidoyer pour réduire les inégalités économiques, administrative pour l’accès et le maintient dans le logement et/ou du patrimoine immobilier.

- Proposer des actions propres à l’égalité femme-homme pour l’accessibilité des femmes aux métiers et savoirs de la construction.

La prise en compte du genre dans les risques et dans les réponses post-catastrophe (gestion de crise, reconstruction, développement du territoire).

Les objectifs de recherche sont d’observer et analyser les pratiques habitantes des femmes bâtisseuses pour constituer un diagnostic des méthodologies sociales, économiques, de genre et constructives. Dans le cas où elles sont confrontées à l'acte de construire, il s’agira de déterminer les méthodes (recours à des entreprises, au conjoint, à des personnes sachantes, à elle-même) , les freins et les leviers mis en place à la réalisation du projet de construction de l’habitat. Les hypothèses suivantes seront à démontrer :

- Pour assurer la réduction des inégalités femmes-hommes, il est important de pouvoir déterminer le moment où l’acte de construire son habitat pour une femme devient une ressource d'émancipation (capacitation, autonomie) ou un processus d’oppression et de vulnérabilisation (risque, économie, violence).

- La féminisation dans l’acte de construire tend à créer des méthodologies et une architecture d'adaptation et d’atténuation aux risques climatiques pour des populations vulnérables.

- Les catastrophes dites naturelles et le contexte sociétal (#MeToo, lutte des classes, climat) mettent en exergue le phénomène des femmes bâtisseuses.

L’objectif est de favoriser l’implication citoyenne dans les processus de transformation de la ruralité dans le but de créer des situations coopératives. Les résultats de la phase 01 seront expérimentées dans un projet de construction à l’échelle 1 avec des femmes. La construction favorisera la création d’un espace par et pour le femmes et pourra être la préfiguration de la Maison des Femmes de la Vallée de la Roya. En faisant acte de construire, il sera étudié la mise en pratique des méthodologies propres aux femmes bâtisseuses, comment elles les convoquent, d’après quels modèles, et quelle transmission elles en font. Cette observation permettra de déterminer en quoi les femmes sont victimes ou non des stéréotypes de genre dans l'exercice de la construction. Et si elles mettent en place des méthodes pour les réduire.

Pour renforcer les capacités d’adaptation des populations vulnérables, création de formations intégrant les techniques et méthodologies constructives étudiées en phases 01 et 02 afin d’apporter des nouvelles manières de construire plus égalitaire, luttant contre les stéréotypes de genre.  A cet effet, nous remportons avec l'Atelier Rural en Roya l'appel à projet DEFFINOV – Tiers-Lieux ! Dispositifs France Formation Innovante 2023/2026, pour la création d'un outil de formation dans la Vallée de la Roya : nouvelles ruralités, savoir-faire locaux, éco-construction. Ingénieurie de projet et de coopération pour la création d’un outils de formation valléen dans l’éco-construction. 

En collaboration avec : L’Atelier Rural en Roya, La Manufacture de la Roya, La Manufacture des C.I.M.E.S. (Tiers lieu TETRIS) et Inter Made

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